Babel - RF Kuang. 🎧

Coucou! 🎓 

On se retrouve en ce ébut de semaine glacial (en tout cas, chez moi!) pour mon avis sur Babel de R.F Kuang. L'ayant fini il y a quelques semaines, j'avais envie de vous en parler… Car il y a beaucoup à dire! Ce roman a été une véritable expérience pour moi et c'est sûrement l'une des premières fois que j'ai été aussi chamboulé par un roman. Avant toute chose, place au résumé! 

Historique – 560 pages – Livre audio – 17/20 – Traduction, colonialisme, langue et pouvoir, rébellion – Tome 1 sur 1 - En anglais.

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Robin espérer changer Babel de l'intérieur ? Où devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?

"Un acte de traduction est toujours un acte de trahison.

1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l'étude des langues dans l'optique d'intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l'Université d'Oxford, plus connu sous le nom de Babel.

Berceau de l'argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l'aide de barres d'argent enchantées. Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l'Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d'origine."

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Ce livre a été un vrai voyage pour moi. Je l’ai écouté en audio et j’ai mis deux semaines à le finir (je termine généralement un livre audio en une semaine), tant il était riche et complexe. Babel ne plaira pas à tout le monde : il est très académique, lent et peu axé sur l’action. Ce roman est plus psychologique, préférant développer ses personnages pas à pas, laissant la violence de l’univers s’installer progressivement. 

R.F. Kuang a une écriture particulière : elle décrit beaucoup et explique avec précision de nombreux thèmes, mots et concepts. Ce n’est pas un roman facile ni une fantasy pure, mais je l’ai adoré. Étant fan de littérature, de traduction et de R.F. Kuang en général, je pensais savoir dans quoi je me lançais… Et pourtant, j’ai été surprise par Babel. 

Très ambitieux et superbement écrit, il m’a impressionnée par sa richesse lexicale et historique. Je n’avais jamais lu un livre sur la traduction et ses usages — ou mésusages —, notamment au service de la guerre et du colonialisme. L’écriture est dense, parfois difficile à suivre, mais ce roman ne laisse pas indifférent. Kuang signe ici une œuvre importante, et j’ai aimé découvrir son point de vue sur l’importance de la traduction et du langage. 


Le groupe d'amis dans Babel (Letty, Victoire, Ramy et Robin. © @kahaneedjinn) 


Dans Babel, le langage est le moteur central du pouvoir colonial : grâce à la magie née des écarts de sens lors de la traduction, l’Empire britannique transforme les langues du monde en ressource exploitable, au même titre que ses territoires. La langue devient un instrument de domination politique et économique, mais aussi une violence symbolique, arrachant les personnages à leur identité d’origine — comme Robin — et les forçant à naviguer entre assimilation et loyauté culturelle. Pourtant, comprendre la traduction et ses mécanismes permet aux protagonistes de détourner la magie linguistique contre l’Empire. 

Dans ce roman, la langue n’est jamais neutre : elle est à la fois contrainte, identité et lutte. J’ai particulièrement apprécié Robin. Il évolue énormément entre le premier et le dernier chapitre, réalisant que son adoption en Chine par un homme britannique n’avait jamais été un geste familial, mais un moyen de créer des enfants malléables pour la traduction anglaise. 

Au début, Robin voit son adoption comme un acte généreux, mais peu à peu, il comprend que son tuteur l’a choisi comme on sélectionne une ressource rare : loyal à l’Empire et capable de produire la magie linguistique qui le sert. Sa prise de conscience, aidée par son frère également adopté, fait de sa quête d’identité un des arcs les plus fascinants du roman. 

Letty, au départ un personnage presque insignifiant, prend de plus en plus d’importance et devient l’antagoniste au service de Babel. Elle trahit ses amis parce que son identité est profondément ancrée dans le privilège et les valeurs de l’Empire britannique. Elle n’a jamais remis en question l’ordre colonial et perçoit la rébellion de ses amis non comme légitime, mais comme une menace. Incapable de comprendre leur vécu et se sentant exclue, elle choisit de défendre l’autorité impériale, persuadée d’agir pour le “bien”, même si cela signifie trahir ceux qu’elle aime. Letty est le contraire parfait de Robin et j'ai aimé suivre ces deux points de vue, un peu comme un Ying et Yang, se faisant face. 


 
La société d'Hermès. (©gorchart) 


Le roman multiplie les points de vue, chacun croyant lutter pour le bien et la liberté. C’est sa force principale : en voyant l’univers à travers plusieurs perspectives, le lecteur est invité à réfléchir, à se questionner et à se forger sa propre opinion sur Babel et son utilité. Par exemple, quand Robin et ses amis se disputent dans la tour, chacun défendant sa vision du bien, la complexité morale du conflit apparaît de façon frappante. J’ai peut-être moins apprécié certaines digressions, comme les notes de bas de page, qui interrompaient parfois l’intrigue et alourdissaient une écriture déjà dense. 

Le roman traîne un peu en longueur à la fin, parfois sans réel intérêt. Ça tourne en rond, ça remet en question, ça doute, et ce, pendant plusieurs chapitres… J'avais envie de secouer certains personnages. Je n'ai pas non plus trouvé certains interludes très intéressantes, manquant un peu de profondeur pour avoir un impact. C'était sympathique d'en savoir plus sur la vie privée de Letty, Ramy et Victoire, mais on aurait pu s'en passer : ça alourdissant juste le roman. 

Malgré cela, j’ai passé un excellent moment de lecture. La fin m’a surprise, mais elle est très crédible et nécessaire. Impossible d’oublier ce roman, qui m’a profondément marquée : R.F. Kuang est définitivement une autrice que j’adore ! En bref, une lecture superbe, riche en thèmes et en questionnements. 

Babel n’est pas une fantasy classique : son sujet principal est l’exploitation académique et la violence qui en découle. J’ai parfois eu l’impression de lire une thèse de doctorat… dans le bon sens ! Je lirai Katabasis, le nouveau roman de l’autrice (ayant déjà lu Yellowface), très rapidement. 


"La réalité était après tout assez malléable : pour peu que l'on choisisse de ne pas y regarder de trop près, on pouvait oublier des faits, effacer des vérités, voir sa vie sous un angle bien précis, comme à travers un prisme déformant." 


  Si vous avez aimé ce livre, je vous conseille également A Language of Dragons de S. F. Williamson, The Blacktongue de Mark Lawrence et The City & The City de China Miéville. 

 → Ma note finale : 17/20. Un roman extrêmement bien écrit, complexe et académique, mais profondément marquant. La fin m’a retourné le cœur, et j’ai regardé plusieurs vidéos de l’autrice sur ce roman, tant j’avais envie d’en savoir plus. Katabasis, j’arrive ! 

Ps : N'oubliez pas de me suivre sur mon GoodReads pour voir toutes mes lectures! 

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Avez-vous déjà lu ce livre ou/et connaissiez-vous cette autrice? Dites-le-moi en commentaires! On se retrouve la semaine prochaine, pour mon bilan de lecture du mois dernier (je suis en retard, oups) ! Bon lundi! 

Les personnages principaux du roman. (©cosmikbread)

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